Le Sixième Médaillon
Pourquoi six médaillons et non cinq ? Absurdité de la question sans une explication préalable sur l’étrange événement déclencheur de la réapparition du premier de ces médaillons : sa découverte dans une mallette à proximité d’un squelette, découverte des plus improbables, puisque sur une plage et par le plus grand des hasards, de surcroît à la limite du burlesque, puisque par un chien au curieux nom, celui de « Lézard ». Voici, le décor : Une plage de sable blanc, Por Rhu, sur la Côte Atlantique, le 17 juin au petit jour. Soudain, une exclamation de rage : - Lézard, au pied ! Quel énervement dans la voix du maître, un homme corpulent au visage buriné des coureurs d’Univers ? Quelle attitude de désintérêt flagrant du fidèle compagnon vis-à-vis du maître ? En vérité, un intérêt tout autre pour ce canidé, croisement malheureux d’un ratier et d’un épagneul, celui non seulement pour son œuvre, un trou de belle profondeur, mais surtout pour ce curieux crâne au fond de l’excavation. Et voilà, maintenant près du chien, le maître à genoux, en proie à des démangeaisons nerveuses et de plus en plus irrépressibles, et ce, à la vue non seulement de la boîte crânienne mais encore d’un éclat de métal entre les orbites, preuve d’un assassinat. Ainsi donc, face à lui, un squelette, vieux de plusieurs décennies, voire de centaines d’années, probablement la misérable victime d’un meurtre ? Un raisonnement logique puisque une corroboration rapide de son hypothèse, par la réouverture d’une affaire judiciaire, vieille de plus de trente ans, en l’occurrence celle de la disparition inexpliquée du professeur Vanier. Ou mieux encore, puisque le début de l’histoire, absolument pas celle de ce malheureux Vanier ou encore celle du pauvre bougre, propriétaire du chien, non, celle de notre héroïne, Emilie, une protohistorienne, férue de décryptage des symboles anciens et déjà sur les lieux de la découverte macabre. Pour la jeune femme, quelle surprise à l’ouverture de la mallette de Vanier ? Dans l’attaché-case, un médaillon, le premier de l’aventure, avec une vue du ciel sur une face. Pas un ciel quelconque, non, celui d’une nuit étoilée, celui du 21 juin : du solstice d’été. Incroyable, une vue des constellations de 3000 ans avant Jésus-Christ ! Une carte des astres, des points et un croissant de lune, des incrustations dans le bronze et la couverture de l’ensemble par une feuille d’or. Un code mystérieux, vraisemblablement. Un péril imminent pour Emilie, jeune femme prompte au déchiffrage des messages anciens, fort certainement. D’ailleurs, bientôt sur ses traces, que de sombres pardessus sur le dos des hommes en noir, sur les épaules carrées de ces obscurs personnages ? Le début d’une impitoyable traque pour ces hommes mystérieux, détenteurs de médaillons pratiquement similaires à celui de la jeune femme, ces « gardiens de la vérité ». Tous en quête du dernier médaillon et ce depuis des décennies. Tous en proie à une panique extrême à l’idée de la révélation imminente de leur secret ancestral. Alors, dès le 18 juin, à Cabeza del Toro, une petite localité de République Dominicaine, pourquoi un bagage aux pieds de Sanchez, l’un de ces hommes de l’ombre ? Pourquoi son précieux médaillon de bronze dans sa poche ? Simplement, son départ imminent par le premier vol en partance pour Rome, sa prévision d’une escale éclair à Venise et au terme de ce périple, son arrivée à destination, la Côte Atlantique, plus précisément une île, Téviec. Non, une signification bien plus terrible pour Sanchez, le retour insoutenable d’un passé inavouable, de son passé ; la mise à l’épreuve ultime de sa vie ; le risque de la divulgation d’un secret vieux de plusieurs milliers d’années. Ainsi le 19 juin, quoi de plus terrible, oui quoi de plus terrible pour Emilie, que ce sixième médaillon, cette dernière pièce du puzzle, dans sa paume ? Rien, peut-être, ou pire encore, car dans quarante-huit heures, l’arrivée du 21 juin : le jour du Solstice d’été, l’instant de la bascule du temps. Nonobstant notre angoisse pour le devenir d’Emilie, à nouveau, au terme de cette mise en bouche, pourquoi six et non cinq médaillons ? A cette question obsédante, une réponse surprenante. En fait, le corps d’un récit avec un début, entre ces quelques lignes, et une suite dans un livre « Téviec, le secret » toutefois avec une différence significative, la présence de verbes d’action aux saveurs acides.
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